Une des cellules de la prison S-21 |
Phnom Penh |
On ne va pas vous faire un cours d'histoire mais pour planter le décor il s'agit, ici, des atrocités commises par le régime Kampuchéa démocratique (les khmers rouges) dirigé par Pol Pot. Après des années de guerre civile, ce mouvement a "dirigé" le pays entre 1975 et 1979 mettant ainsi en place une dictature d'une extrême violence dans le but de créer une société communiste sans classes.
Ce régime décrète notamment l'évacuation de toutes les villes du Cambodge, contraignant ainsi la population citadine à travailler dans les campagnes dans des conditions relevant de l'esclavage.
Le régime khmer rouge s'est rendu coupable de nombreux crimes de masse (plus de 20% de la population à l'époque). Lors des jugements, de nombreux cadres des khmers rouges ont été jugés pour "crime contre l'humanité".
Cette notion historique nous dégoûte déjà, cette histoire n'est pas sans nous rappeler que, seulement 30 ans auparavant, on découvrait les camps de concentration et d'extermination. L'idée de savoir que l'être humain est capable de telles atrocités et de les répéter nous fait déjà (à nouveau) nous interroger sur l'aptitude (la bêtise) innée de l'être humain pour la cruauté.
Tuol Sleng (ou S-21)
Entrée 5$/personne ou 8$/personne avec audioguide + 1000 riels (0€20) pour le parking du scooter.
C'est la plus connue des prisons que la dictature khmère avait mise en place. Elle se trouve dans le centre même de Phnom Penh. Premier élément gênant: avant le régime khmer c'était un lycée... L'idée de transformer un lieu d'éducation, de formation et d'innocence en une prison est, pour nous, l'une des pire manière de détourner un bâtiment...
Officiellement c'était un lieu d'interrogatoire, mais dans les faits tout suspect envoyé à la S-21 était forcément reconnu coupable. Tous les (pires) moyens de torture étaient donc mis en place pour que les suspects avouent leur crime, réels ou non, pour ensuite pouvoir être exécuté.
Les khmers rouges enfermaient à la S-21 tous ceux étant supposés être des opposants du régime: personnes âgées, femmes, enfants, ouvriers, intellectuels, porteurs de lunettes, artistes, polyglottes...
Les gardes avaient entre 10 et 15 ans et, sous l'influence de l'endoctrinement de leurs aînés, devenaient beaucoup plus cruels que les adultes.
Partout au sein des lieux il y a des photos des prisonniers à leur arrivée, puis à leur départ. Le régime khmer prenait soin de tout consigner dans des registres pour montrer que les opposants au régime avaient bien été tués.
Aucun prisonnier n'a réussi à s'échapper, à la libération du camp il y avait seulement sept survivants...
Choeung Ek (ou Killing Fields)
Entrée 6$/personne avec audioguide gratuit + 1000 riels (0€20) pour le parking du scooter.
Une fois les prisonniers "interrogés" et déclarés coupables, ils étaient transférés à Choueng Ek. Ce site est situé à environ 17km au sud-ouest de Phnom Penh.
Les prisonniers étaient transférés en pleine nuit et pensaient simplement aller dans un autre centre de détention... Lorsqu'ils arrivaient à Choueng Ek ils étaient directement placés dans un hangar dans le noir complet avant d'être conduits sur les lieux de leur exécution. Les bourreaux avaient ordre de ne pas utiliser de balles (car trop coûteux), les prisonniers étaient donc tués dans des conditions relevant de la barbarie (outils agricoles ou branches de palmier pour leur trancher la gorge...).
Au cours de notre présence sur les lieux, nous passons devant un arbre qui servait à tuer les bébés en les fracassant contre le tronc. A la découverte du site lors de la chute du régime des khmers rouge, des cheveux, du sang et de la matière cérébrale ont été retrouvés sur cet arbre... Ces exécutions était commises devant les mères des enfants avant de les tuer elles aussi ensuite.
Pendant les exécutions un mégaphone accroché à un arbre diffusait des chants révolutionnaires à pleine puissance pour couvrir les cris des victimes et ne pas éveiller les soupçons des populations alentours qui n'avaient aucune idée de ce qui se déroulait entre ces murs: il était appelé "l'arbre magique".
Sur les 129 charniers du site (fosses communes) seulement 80 ont été fouillés avec une estimation de 17000 victimes. Il reste donc énormément d'ossements en terre et fréquemment (notamment à cause des pluies) des ossements, vêtements continus à ressortir de terre. Ils sont laissés sur place, afin de ne pas oublier.
Au centre de Choeung Ek se trouve un Stûpa abritant des ossements sur 17 étages qui, malheureusement, est trop petit pour contenir les ossements de toutes les victimes.
Nous avons passé toute la visite avec une boule dans la gorge entre les larmes et la régurgitation. L'audioguide nous permet vraiment de prendre la mesure des atrocités ayant eu lieu quelques années auparavant, grâce à des témoignages glaçants de survivants et d'anciens gardes/bourreaux.
Malgré tout, nous restons persuadés que cette visite est nécessaire pour comprendre l'histoire du pays et rendre hommage aux victimes en connaissant leur histoire et en ne les oubliant pas.
Devoir de mémoire.
Comme à Hiroshima, des origamis, signe de paix, sont présents sur les lieux |