Avant notre arrivée au Pérou nous avions l'idée de faire un trek dans ce magnifique pays. Notre idée première était de louer du matériel à Cusco (tente, réchaud,etc.) et de partir pendant 9 jours en autonomie pour faire les ruines de Choquequirao (un autre site archéologique inca absolument grandiose) et d'ensuite rejoindre le Machu Picchu. Pour une question de temps nous avons dû faire un choix et, même si les ruines de Choquequirao constituent une alternative au très touristique Machu Picchu, nous ne pouvions imaginer quitter le Pérou sans avoir visité une des sept nouvelles merveilles du monde!
Le trek le plus connu pour rejoindre le site est le fameux "Chemin de l'Inca", que nous avons écarté pour plusieurs raisons :
- le coût : il faut compter environ 500$/personne pour le trek de 4 jours
- l'organisation : il faut réserver environ 6 mois en avance (nous nous sommes décidés 48h avant de partir donc c'était mort)!
- la fréquentation : chaque jour 500 personnes empruntent ce sentier.
Nous avons donc choisi de nous tourner vers le chemin du Salkantay Trek, qui est environ 70% moins fréquenté que celui de l'inca, et qui offre la possibilité de traverser des paysages très variés allant des montagnes enneigées à la forêt semi-tropicale. Le Salkantay est un trek de difficulté moyenne mais plus exigeant physiquement que celui de l'inca (évidemment, ça mon acolyte s'est bien gardé de le dire^^).
Tips: Pour ce trek nous sommes passés par l'agence Okidoki Travel que nous recommandons vraiment! Le trek 4j/3nuits coûte 205$/personne (182€) incluant le transport aller/retour, le matériel (bâtons de marche, tente, matelas, duvet), les repas (soit 3 petit-déjeuners, 3 déjeuners et 3 dîners), l'entrée au Machu Picchu 152PEN/personne (40€), le guide, les cuisiniers, les porteurs et les mules, la troisième nuit en hôtel à Aguas Calientes.
Jour 1 : Cusco - Soraypampa (12km - 5h)
Mon calvaire continue...le minivan vient nous chercher à 4h du matin. Je suis à présent certaine que Kévin veut ma mort. Nous sommes les premiers et passons donc récupérer les autres membres de notre groupe avec qui nous allons partager les 4 prochains jours.
Au total nous serons 15: 4 belges, 2 québécoises, 1 allemande, 1 brésilienne et 7 français. Nous serons accompagnés d'un guide (Wil) et de son assistant, un cuisinier et son commis, 2 porteurs-muletiers.
Pour le trek un sac type "militaire" nous est fourni, celui-ci étant porté par les mules le poids est limité à 6kg/personne.
Personnellement, nous avons du mal avec ce principe alors on ne mettra dans les sacs que, nos matelas, nos duvets, nos oreillers et nos tongs, sachant que les mules portent en plus la nourriture et les tentes. Pour le reste nous prendrons chacun un sac de 30L avec:
- un coupe-vent;
- une casquette;
- une doudoune;
- une polaire;
- un legging en laine mérinos;
- des sous-pull techniques en laine mérinos;
- des chaussettes en laine mérinos;
- les bâtons de marche prêtés par l'agence;
- une petite trousse avec savon, brosses à dents, dentifrices, papier toilettes, lingettes bébé et quelques médicaments;
- des snacks (des sublimes ❤) et des bonbons à la coca.
Après environ deux heures de route nous faisons un arrêt dans le petit village de Mollepata pour prendre le petit-déjeuner (en supplément pour 10PEN/personne soit 2€60). Nous reprenons la route pour rejoindre Challacancha, situé à 3600m d'altitude, point de départ de notre trek.
On s'équipe tout de suite avec nos coupe-vents car malheureusement le temps est très couvert pour le début du trek. Le sentier commence par une grimpette peu raide mais un peu longue toutefois!
Après 5h de marche nous atteignons enfin le camp de base de Soraypampa situé à 3912m. Nous nous trouvons aux pieds des montagnes Humantay (4200m) et Salkantay (6271m) que nous apercevons à chaque petite et rare éclaircie.
Nous installons nos tentes sous des petits abris faits en paille, c'est un confort sommaire mais largement suffisant et le matos fourni est de très bonnes qualités puisque les matelas et duvets sont de la marque The North Face et vu l'épaisseur on ne devrait pas avoir trop froid pour cette nuit à presque 4000m d'altitude!
Tips: Encore une fois il va s'en dire qu'il vaut mieux bien être acclimaté à l'altitude avant d'entreprendre ce trek.
Nous profiterons ensuite d'un excellent et gargantuesque lunch, notre cuisinier est au top et nous met la quantité pour contenter nos estomacs de sportifs. Après une brève sieste nous partirons à l'ascension du lac Humantay à 4200m d'altitude. Il faut compter environ 1h30 et contrairement à ce que notre guide nous a vendu c'était bien dur! Déjà fatigués de la journée (et de nos journées marathons précédentes), le manque d'oxygène nous a tué!
Cette montée n'en finissait pas sur un chemin caillouteux où chaque micro-pas nous demandait beaucoup d'énergie et où clairement on avait l'impression de ne pas avancer. Bon après plus de 10 mois de randonnées en tout genre, Kévin et moi on se connait bien et on connait bien le rythme de l'autre, alors il part tranquillement devant et moi je serre les dents, je regarde mes pieds et je me concentre sur ma respiration pour une avoir une bonne oxygénation des muscles (dans la mesure du possible à cette altitude).
Comme toujours, le spectacle est à la hauteur de l'effort (ou alors c'est seulement le soulagement d'être enfin arrivé^^). Nous découvrons un lac d'une eau au bleu éclatant qui n'est pas sans nous rappeler certains lacs de Nouvelle-Zélande. On est bien là. Notre petit groupe se sépare, le lac est bien assez grand, chacun trouve un petit coin pour se (re)poser et profiter de ce lieu magique.
Nous sommes mardi, il est 15h et on est là perdus dans la montagne au Pérou. Prendre le temps d'y penser pour réaliser la chance qu'on a d'être là, tous les deux, ensemble.
La descente sera plus facile (quoique), à l'arrivée un bon thé de coca nous attendra, suivi du dîner et à 20h tout le monde est dans son duvet à écouter le silence de la montagne.
Jour 2 : Soraypampa - Chaullay (22km - 9h)
4h du matin. Dans notre sommeil un léger bruit de timbales en métal qui s'entrechoquent. On se pelotonne au fond de nos duvets, seul le bout du nez dépasse. Et puis la glissière de la tente s'ouvre et un froid polaire s'engouffre: "Buenos dias amigos". On nous glisse une timbale brûlante de maté de coca chacun dans une main et on nous laisse tranquillement le temps de nous réveiller et de nous réchauffer. On quitte nos duvets à contre-coeur, on plie duvets, matelas, on refait les sacs et on se glisse sous l'abri pour le petit-déjeuner où nous bénirons les pancakes!
Ce matin, on se prépare psychologiquement pour la journée la plus dure de ce trek. Ce matin 3h d'ascension nous attendent jusqu'à la passe du Salkantay à 4630m, point le plus haut. Les guides locaux la surnomme la "Gringo Killer", alors en tant que gringa tu écarquilles grand les yeux, tu avales ton pancake de travers et tu commences à claquer des jambes rien qu'à l'évocation de ce nom. Ça fait rêver. Mais rassurez-vous notre guide nous dit que pour nous ce sera du "Cheesecake". Mouais.
Moi je trouve que ça sent le "sapino" cette histoire mais bon je dis ça je dis rien. On commence dans la nuit noire, ce qui nous donne l'occasion de contempler un beau ciel étoilé et rapidement on arrive en bas du challenge. Le chemin serpente dans la montagne. Une vraie partie de plaisir s'annonce!
Certaines agences proposent de monter sur des mules mais pas question chez nous : on fera le trek du Salkantay en entier ou pas du tout. Regard tacite avec mon compagnon de route, on active le mode GI : "Paré mon petit Jack ?" "Et comment mon cher Joe"! Alors 3h c'est long mais en y allant tranquillement (de toutes façons l'altitude est là pour se rappeler à ton bon souvenir si tu veux aller trop vite) ça se fait finalement assez bien. On arrive enfin au fameux col et notre pote le Salkantay veille sur nous. On souffle et on prend mille photos parce que oui c'est beau et c'est bien pour ça qu'on le fait.
C'est d'ailleurs l'occasion pour nous de nous initier à un petit rite inca afin de remercier la Pachamama ("Terre-Mère" en langue quechua) à base feuilles de coca aux quatre points cardinaux et d'un petit totem de pierres.
On entame ensuite la descente jusqu'à Huayrapunku (3912m) pour le lunch où nous aurions pu dévorer un troupeau de bisons tellement nous étions affamés par l'effort de la matinée. On profite d'une courte sieste au soleil avant de se remettre en route.
Le paysage glacé cède peu à peu la place à une végétation luxuriante, nous entrons dans la jungle. Le froid polaire laisse la place à l'humidité et à nos ennemis jurés : les moustiques!
Tips: Même s'il paraît difficile à croire mais prévoir un bon spray anti-moustique n'est pas un luxe.
Nos genoux seront fortement sollicités pour ce deuxième après-midi avant d'arriver à notre camp pour la nuit à Chaullay (2900m). Malgré les moustiques, nous sommes heureux de retrouver un peu de chaleur et surtout de l'oxygène. Une bonne bière Cuzqueña pour fêter ça, un bon repas et on repart vite rejoindre notre tente pour récupérer de cette journée intense!
Jour 3 : Chaullay - Aguas Calientes (15km - 8h)
Diling, diling, diling. Ce matin, comme la veille, nous sommes doucement réveillés par une livraison de maté de coca bien chaud qui atterrit comme par miracle dans notre main. C'est dur, ça fait plus d'une semaine que le réveil n'a pas sonné après 5h du matin et on garde les yeux collés par le sommeil de plus en plus longtemps. On s'étire. Aïe. On constate donc les courbatures (évidemment nous avons laissé le baume du tigre à Cuzco...), on essaye de déverrouiller tout ça et on file au petit déjeuner. Alors autant la veille on nous avait prévenu de la difficulté autant là on nous vend une journée facile, en mode "cheesecake". Mensonge.
On attaque la journée par un magnifique paysage dans la haute jungle longeant la rivière Santa Teresa. Ça n'a absolument RIEN mais alors RIEN à voir avec les paysages des précédents jour. Il faut chaud, humide, on peut observer une multitude de cascades, de plantes et d'oiseaux différents.
Par contre ça monte et ça descend sec et avec la chaleur on souffre un peu, sans parler de certaines parties du chemin à flanc de montagnes composées de sables et de petits cailloux où j'ai fais quelques chutes avec de bonnes frayeurs. Bref, quand on arrive enfin à Sahuayo Beach (2064m) j'en ai plein le c**. On déguste notre dernier repas et on se sépare des cuisiniers (nous nous étions séparés des porteurs et mules le matin même). Il est d'usage de laisser un pourboire pour chaque membre de l'équipe nous organisons donc une petite cagnotte pour les remercier.
Après le déjeuner, nous empruntons le minivan pour environ 1h afin de rejoindre la ville d'Hydroelectrica. Auparavant le trek était proposé en 5j/4nuits mais l'agence ayant eu des problèmes avec l'hébergement de la dernière nuit a décidé de ne plus proposer cette formule et de la réduire en 4j/3nuits d'où le tronçon en minivan. A partir d'Hydroelectrica il n'y a plus de route. Deux options sont possibles : prendre le train (très onéreux) ou marcher 3h le long des rails jusqu'à Aguas Calientes.
Evidemment pour nous ce sera la dernière option. Le sentier est plat donc pas de difficulté mais avec la fatigue accumulée des derniers jours où n'en voit pas le bout de ces sacrés rails! Cette marche nous permet d'apercevoir brièvement, le Saint-Graal, la citadelle du Machu Picchu perchée sur la montagne.
Nous arrivons à Aguas Calientes, rincés, parce qu’évidemment notre-hostel-est-
à-l'autre-bout-de-la-ville-sinon-c'est-pas-drôle. On apprécie pleinement d'avoir une chambre d'hôtel avec un lit et une salle de bains avec de l'eau chaude (ça serait quand même le comble pour un village qui s'appelle "aguas calientes"!). Une bière fraîche (les céréales c'est important pour la récupération 😉) et un dîner plus tard nous nous glissons dans notre lit pour une trop courte nuit.
Jour 4 : Aguas Calientes - Machu Picchu (5km - 1h30).
Réveil à 3h30. Bordel j'en ai marre mais aujourd'hui je ne peux pas râler parce qu'enfin nous atteignons notre but après 4 jours. On s'habille, on plie bagages, on récupère notre doggybag contenant notre petit-déjeuner à la réception et à 3h45 on est dehors. 30 minutes plus tard nous commençons à faire la queue devant la grille du pont d'accès au Machu Picchu.
Tips: Pour ceux qui le souhaitent il est possible de monter au Machu Picchu en bus. Le prix est de 12$/personne (10€70) l'aller simple.
Heureusement nous sommes dans les 30 premiers parce que plus le temps passe plus l'ambiance est électrique. Comme on est complètement décalés, on en profite pour manger notre petit-déjeuner, là par terre devant les grilles, entourés des chiens errants.
Au fil des minutes la file ne cesse de s'allonger et on a l'impression d'avoir un dossard accroché, prêts pour le top départ du marathon qui nous attend.
5h. La grille s'ouvre et un contrôleur vérifie notre billet d'entrée ainsi que notre passeport. A partir de là on s'élance pour 1h de montée avec des escaliers à la pelle. C'est la folie dans ces marches, l'adrénaline, les gens qui courent pour être dans les premiers, on a vraiment l'impression de lutter pour sa vie. J'ai le coeur sur le point d'exploser et il m'est peut-être arrivée, en chemin, de maudire tous les incas^^.
Après 1h de cette fantastique et épuisante épopée à la lumière de la frontale on arrive devant les grilles d'entrée du site.
Elles ouvrent à 6h et on s'engouffre enfin dans la citadelle. C'est un moment magique. On a l'impression de voir une finale de Pekin Express au ralenti, on se rue sur le site encore enveloppé dans la brume. C'est la claque. Le Machu Picchu on a beau l'avoir vu 1000 fois en photos, le sentiment qui s'en dégage est unique. On reste scotché devant la beauté du site au petit matin avant que la foule ne l'envahisse. C'est l'aboutissement de 4 jours de marche à travers les montagnes et la forêt, de réveils trop matinaux, d'une overdose de maté de coca. C'est spectaculaire.
Le site est divisé en deux zones principales: le secteur agricole et le secteur urbain. On grimpe donc au mirador du secteur agricole avec toutes ses terrasses pour observer la brume se retirer et le soleil se lever sur la merveille.
Minute Wikipédia: Machu Picchu vient de la langue quechua et signifie "vieille montagne". La ville aurait été construite au XVème siècle par l'empereur Pachacutec mais aurait été abandonnée avant d'être achevée. Plusieurs théories ont été avancées sur la cause de l'abandon de la cité. La plus plausible serait que les incas l'auraient abandonné pour ne pas tomber entre les mains des conquistadors espagnols après l'invasion de Cuzco. Une théorie avance même que certains incas vivraient toujours dans des parties reculées de l'Amazonie. On ne connaît toujours pas la fonction exacte du site même si là encore plusieurs théories ont été avancées : capitale religieuse ? Résidence d'un empereur ? Lieu de culte consacré au Soleil ? Dernier refuge des vierges du Soleil ? Ultime capitale inca ?
Sur le site il n'y a aucune explication, heureusement notre guide du Salkantay, Wil, reste quelques minutes avec nous pour nous expliquer un peu le lieu, les théories, les différentes parties et fonctions. Nous complétons avec notre guide du Routard. Cette absence de panneaux est volontaire pour inciter les visiteurs à prendre un guide.
A savoir aussi, que pour préserver le site, les règles de visite ont été durcies: lors de l'achat de son billet
on choisi d'être sur le site soit le matin (6h-12) soit l'après-midi (12h-17h). Le site est divisé entre la partie agricole (1) et partie urbaine (2). Une fois que l'on est entrés dans la partie urbaine on ne peut plus retourner dans la partie agricole. Le sens de la visite est fléché et des gardiens armés de sifflets veillent au grain. Il est donc important de bien prendre son temps parce qu'à aucun moment on ne peut faire machine arrière.
Tips: En plus de la visite du Machu Picchu on peut ajouter (avec un coût additionnel de 48PEN soit 13€) la visite du Wayna Picchu ou de la Montaña. Ces deux sites ne peuvent se visiter que le matin. Le Wayna Picchu doit se réserver plusieurs mois en avance, la Montaña est moins prisée et peut être réservée en dernière minute.
Ayant fait l'impasse sur le Wayna Picchu et la Montaña nous monterons en direction de l'Inti Punku (porte du Soleil) qui est en accès libre et sans supplément et qui permet un superbe point de vue avec le Machu Picchu et le Wayna Picchu en arrière-plan.
Nous descendrons ensuite dans les ruines, à proprement parlé, du secteur urbain. Une succession de ruelles et d'édifices à qui on attribue différentes fonctions. Le site est vraiment immense et les 5h passées sur place auront un arrière-goût de trop peu même si après les 4 jours de marche et la grimpette matinale nous sommes quand même bien KO au moment d'arpenter le site.
A 11h, nous quittons les ruines, non sans être passé au préalable faire tamponner notre passeport pour immortaliser notre passage en ces lieux.
Nous avons encore 3h de marche en perspective: 1h pour descendre la montagne où est perché le Machu Picchu jusqu'au pont puis 2h sur les rails pour rejoindre Hydroélectricas. Cette partie finale est surement la plus dure, nous sommes épuisés.
Aux environs de 14h nous arrivons enfin, le temps d'avaler deux sandwichs poulet/avocat (3PEN/sandwich soit 0€80) et d'acheter un filet de grenadillas (variété de fruits de la passion) pour 2PEN soit 0€50, chacun car nous sommes affamés, et à 15h nous montons enfin dans le bus qui nous ramène à Cuzco. Il faut compter 7h sur des routes de montagnes.
Nous arrivons donc à 22h à notre guesthouse et nous écroulons littéralement sur nos lits. Le repos sera de courte durée car nous partons dans peu de temps, pour un changement total d'ambiance, en Amazonie!
Jour 1 : Cusco - Soraypampa (12km - 5h)
Mon calvaire continue...le minivan vient nous chercher à 4h du matin. Je suis à présent certaine que Kévin veut ma mort. Nous sommes les premiers et passons donc récupérer les autres membres de notre groupe avec qui nous allons partager les 4 prochains jours.
Au total nous serons 15: 4 belges, 2 québécoises, 1 allemande, 1 brésilienne et 7 français. Nous serons accompagnés d'un guide (Wil) et de son assistant, un cuisinier et son commis, 2 porteurs-muletiers.
Pour le trek un sac type "militaire" nous est fourni, celui-ci étant porté par les mules le poids est limité à 6kg/personne.
Personnellement, nous avons du mal avec ce principe alors on ne mettra dans les sacs que, nos matelas, nos duvets, nos oreillers et nos tongs, sachant que les mules portent en plus la nourriture et les tentes. Pour le reste nous prendrons chacun un sac de 30L avec:
- un coupe-vent;
- une casquette;
- une doudoune;
- une polaire;
- un legging en laine mérinos;
- des sous-pull techniques en laine mérinos;
- des chaussettes en laine mérinos;
- les bâtons de marche prêtés par l'agence;
- une petite trousse avec savon, brosses à dents, dentifrices, papier toilettes, lingettes bébé et quelques médicaments;
- des snacks (des sublimes ❤) et des bonbons à la coca.
Après environ deux heures de route nous faisons un arrêt dans le petit village de Mollepata pour prendre le petit-déjeuner (en supplément pour 10PEN/personne soit 2€60). Nous reprenons la route pour rejoindre Challacancha, situé à 3600m d'altitude, point de départ de notre trek.
C'est parti pour 4 jours de marche! |
Après 5h de marche nous atteignons enfin le camp de base de Soraypampa situé à 3912m. Nous nous trouvons aux pieds des montagnes Humantay (4200m) et Salkantay (6271m) que nous apercevons à chaque petite et rare éclaircie.
Nous installons nos tentes sous des petits abris faits en paille, c'est un confort sommaire mais largement suffisant et le matos fourni est de très bonnes qualités puisque les matelas et duvets sont de la marque The North Face et vu l'épaisseur on ne devrait pas avoir trop froid pour cette nuit à presque 4000m d'altitude!
Notre camping! |
Nous profiterons ensuite d'un excellent et gargantuesque lunch, notre cuisinier est au top et nous met la quantité pour contenter nos estomacs de sportifs. Après une brève sieste nous partirons à l'ascension du lac Humantay à 4200m d'altitude. Il faut compter environ 1h30 et contrairement à ce que notre guide nous a vendu c'était bien dur! Déjà fatigués de la journée (et de nos journées marathons précédentes), le manque d'oxygène nous a tué!
Cette montée n'en finissait pas sur un chemin caillouteux où chaque micro-pas nous demandait beaucoup d'énergie et où clairement on avait l'impression de ne pas avancer. Bon après plus de 10 mois de randonnées en tout genre, Kévin et moi on se connait bien et on connait bien le rythme de l'autre, alors il part tranquillement devant et moi je serre les dents, je regarde mes pieds et je me concentre sur ma respiration pour une avoir une bonne oxygénation des muscles (dans la mesure du possible à cette altitude).
Comme toujours, le spectacle est à la hauteur de l'effort (ou alors c'est seulement le soulagement d'être enfin arrivé^^). Nous découvrons un lac d'une eau au bleu éclatant qui n'est pas sans nous rappeler certains lacs de Nouvelle-Zélande. On est bien là. Notre petit groupe se sépare, le lac est bien assez grand, chacun trouve un petit coin pour se (re)poser et profiter de ce lieu magique.
Nous sommes mardi, il est 15h et on est là perdus dans la montagne au Pérou. Prendre le temps d'y penser pour réaliser la chance qu'on a d'être là, tous les deux, ensemble.
La descente sera plus facile (quoique), à l'arrivée un bon thé de coca nous attendra, suivi du dîner et à 20h tout le monde est dans son duvet à écouter le silence de la montagne.
Jour 2 : Soraypampa - Chaullay (22km - 9h)
4h du matin. Dans notre sommeil un léger bruit de timbales en métal qui s'entrechoquent. On se pelotonne au fond de nos duvets, seul le bout du nez dépasse. Et puis la glissière de la tente s'ouvre et un froid polaire s'engouffre: "Buenos dias amigos". On nous glisse une timbale brûlante de maté de coca chacun dans une main et on nous laisse tranquillement le temps de nous réveiller et de nous réchauffer. On quitte nos duvets à contre-coeur, on plie duvets, matelas, on refait les sacs et on se glisse sous l'abri pour le petit-déjeuner où nous bénirons les pancakes!
Ce matin, on se prépare psychologiquement pour la journée la plus dure de ce trek. Ce matin 3h d'ascension nous attendent jusqu'à la passe du Salkantay à 4630m, point le plus haut. Les guides locaux la surnomme la "Gringo Killer", alors en tant que gringa tu écarquilles grand les yeux, tu avales ton pancake de travers et tu commences à claquer des jambes rien qu'à l'évocation de ce nom. Ça fait rêver. Mais rassurez-vous notre guide nous dit que pour nous ce sera du "Cheesecake". Mouais.
Moi je trouve que ça sent le "sapino" cette histoire mais bon je dis ça je dis rien. On commence dans la nuit noire, ce qui nous donne l'occasion de contempler un beau ciel étoilé et rapidement on arrive en bas du challenge. Le chemin serpente dans la montagne. Une vraie partie de plaisir s'annonce!
Certaines agences proposent de monter sur des mules mais pas question chez nous : on fera le trek du Salkantay en entier ou pas du tout. Regard tacite avec mon compagnon de route, on active le mode GI : "Paré mon petit Jack ?" "Et comment mon cher Joe"! Alors 3h c'est long mais en y allant tranquillement (de toutes façons l'altitude est là pour se rappeler à ton bon souvenir si tu veux aller trop vite) ça se fait finalement assez bien. On arrive enfin au fameux col et notre pote le Salkantay veille sur nous. On souffle et on prend mille photos parce que oui c'est beau et c'est bien pour ça qu'on le fait.
Ascension réussie! |
On entame ensuite la descente jusqu'à Huayrapunku (3912m) pour le lunch où nous aurions pu dévorer un troupeau de bisons tellement nous étions affamés par l'effort de la matinée. On profite d'une courte sieste au soleil avant de se remettre en route.
Début de la redescende! |
Tips: Même s'il paraît difficile à croire mais prévoir un bon spray anti-moustique n'est pas un luxe.
Fini le neige, place à la jungle! |
Jour 3 : Chaullay - Aguas Calientes (15km - 8h)
Diling, diling, diling. Ce matin, comme la veille, nous sommes doucement réveillés par une livraison de maté de coca bien chaud qui atterrit comme par miracle dans notre main. C'est dur, ça fait plus d'une semaine que le réveil n'a pas sonné après 5h du matin et on garde les yeux collés par le sommeil de plus en plus longtemps. On s'étire. Aïe. On constate donc les courbatures (évidemment nous avons laissé le baume du tigre à Cuzco...), on essaye de déverrouiller tout ça et on file au petit déjeuner. Alors autant la veille on nous avait prévenu de la difficulté autant là on nous vend une journée facile, en mode "cheesecake". Mensonge.
On attaque la journée par un magnifique paysage dans la haute jungle longeant la rivière Santa Teresa. Ça n'a absolument RIEN mais alors RIEN à voir avec les paysages des précédents jour. Il faut chaud, humide, on peut observer une multitude de cascades, de plantes et d'oiseaux différents.
Par contre ça monte et ça descend sec et avec la chaleur on souffre un peu, sans parler de certaines parties du chemin à flanc de montagnes composées de sables et de petits cailloux où j'ai fais quelques chutes avec de bonnes frayeurs. Bref, quand on arrive enfin à Sahuayo Beach (2064m) j'en ai plein le c**. On déguste notre dernier repas et on se sépare des cuisiniers (nous nous étions séparés des porteurs et mules le matin même). Il est d'usage de laisser un pourboire pour chaque membre de l'équipe nous organisons donc une petite cagnotte pour les remercier.
Après le déjeuner, nous empruntons le minivan pour environ 1h afin de rejoindre la ville d'Hydroelectrica. Auparavant le trek était proposé en 5j/4nuits mais l'agence ayant eu des problèmes avec l'hébergement de la dernière nuit a décidé de ne plus proposer cette formule et de la réduire en 4j/3nuits d'où le tronçon en minivan. A partir d'Hydroelectrica il n'y a plus de route. Deux options sont possibles : prendre le train (très onéreux) ou marcher 3h le long des rails jusqu'à Aguas Calientes.
On s'approche du but... |
Evidemment pour nous ce sera la dernière option. Le sentier est plat donc pas de difficulté mais avec la fatigue accumulée des derniers jours où n'en voit pas le bout de ces sacrés rails! Cette marche nous permet d'apercevoir brièvement, le Saint-Graal, la citadelle du Machu Picchu perchée sur la montagne.
Objectif du lendemain en vue et petit pincement au cœur! |
à-l'autre-bout-de-la-ville-sinon-c'est-pas-drôle. On apprécie pleinement d'avoir une chambre d'hôtel avec un lit et une salle de bains avec de l'eau chaude (ça serait quand même le comble pour un village qui s'appelle "aguas calientes"!). Une bière fraîche (les céréales c'est important pour la récupération 😉) et un dîner plus tard nous nous glissons dans notre lit pour une trop courte nuit.
Le petit village d'Aguas Calientes! |
Jour 4 : Aguas Calientes - Machu Picchu (5km - 1h30).
Réveil à 3h30. Bordel j'en ai marre mais aujourd'hui je ne peux pas râler parce qu'enfin nous atteignons notre but après 4 jours. On s'habille, on plie bagages, on récupère notre doggybag contenant notre petit-déjeuner à la réception et à 3h45 on est dehors. 30 minutes plus tard nous commençons à faire la queue devant la grille du pont d'accès au Machu Picchu.
Tips: Pour ceux qui le souhaitent il est possible de monter au Machu Picchu en bus. Le prix est de 12$/personne (10€70) l'aller simple.
Pas mal de virages sur le parcours! |
Au fil des minutes la file ne cesse de s'allonger et on a l'impression d'avoir un dossard accroché, prêts pour le top départ du marathon qui nous attend.
5h. La grille s'ouvre et un contrôleur vérifie notre billet d'entrée ainsi que notre passeport. A partir de là on s'élance pour 1h de montée avec des escaliers à la pelle. C'est la folie dans ces marches, l'adrénaline, les gens qui courent pour être dans les premiers, on a vraiment l'impression de lutter pour sa vie. J'ai le coeur sur le point d'exploser et il m'est peut-être arrivée, en chemin, de maudire tous les incas^^.
Titia se détache sur les derniers kilomètres d’ascension! |
Incroyable cette foule! |
Passeport et billet d'entrée en main, Titia est prête! |
Elles ouvrent à 6h et on s'engouffre enfin dans la citadelle. C'est un moment magique. On a l'impression de voir une finale de Pekin Express au ralenti, on se rue sur le site encore enveloppé dans la brume. C'est la claque. Le Machu Picchu on a beau l'avoir vu 1000 fois en photos, le sentiment qui s'en dégage est unique. On reste scotché devant la beauté du site au petit matin avant que la foule ne l'envahisse. C'est l'aboutissement de 4 jours de marche à travers les montagnes et la forêt, de réveils trop matinaux, d'une overdose de maté de coca. C'est spectaculaire.
B-O-N-H-E-U-R |
Nous sommes sans voix! |
Le site est divisé en deux zones principales: le secteur agricole et le secteur urbain. On grimpe donc au mirador du secteur agricole avec toutes ses terrasses pour observer la brume se retirer et le soleil se lever sur la merveille.
Pas un nuage sur le site, une matinée parfaite! |
Sur le site il n'y a aucune explication, heureusement notre guide du Salkantay, Wil, reste quelques minutes avec nous pour nous expliquer un peu le lieu, les théories, les différentes parties et fonctions. Nous complétons avec notre guide du Routard. Cette absence de panneaux est volontaire pour inciter les visiteurs à prendre un guide.
A savoir aussi, que pour préserver le site, les règles de visite ont été durcies: lors de l'achat de son billet
on choisi d'être sur le site soit le matin (6h-12) soit l'après-midi (12h-17h). Le site est divisé entre la partie agricole (1) et partie urbaine (2). Une fois que l'on est entrés dans la partie urbaine on ne peut plus retourner dans la partie agricole. Le sens de la visite est fléché et des gardiens armés de sifflets veillent au grain. Il est donc important de bien prendre son temps parce qu'à aucun moment on ne peut faire machine arrière.
Nos copains les lamas toujours présents! |
Tips: En plus de la visite du Machu Picchu on peut ajouter (avec un coût additionnel de 48PEN soit 13€) la visite du Wayna Picchu ou de la Montaña. Ces deux sites ne peuvent se visiter que le matin. Le Wayna Picchu doit se réserver plusieurs mois en avance, la Montaña est moins prisée et peut être réservée en dernière minute.
Ayant fait l'impasse sur le Wayna Picchu et la Montaña nous monterons en direction de l'Inti Punku (porte du Soleil) qui est en accès libre et sans supplément et qui permet un superbe point de vue avec le Machu Picchu et le Wayna Picchu en arrière-plan.
Nous descendrons ensuite dans les ruines, à proprement parlé, du secteur urbain. Une succession de ruelles et d'édifices à qui on attribue différentes fonctions. Le site est vraiment immense et les 5h passées sur place auront un arrière-goût de trop peu même si après les 4 jours de marche et la grimpette matinale nous sommes quand même bien KO au moment d'arpenter le site.
Nous avons encore 3h de marche en perspective: 1h pour descendre la montagne où est perché le Machu Picchu jusqu'au pont puis 2h sur les rails pour rejoindre Hydroélectricas. Cette partie finale est surement la plus dure, nous sommes épuisés.
Aux environs de 14h nous arrivons enfin, le temps d'avaler deux sandwichs poulet/avocat (3PEN/sandwich soit 0€80) et d'acheter un filet de grenadillas (variété de fruits de la passion) pour 2PEN soit 0€50, chacun car nous sommes affamés, et à 15h nous montons enfin dans le bus qui nous ramène à Cuzco. Il faut compter 7h sur des routes de montagnes.
Nous arrivons donc à 22h à notre guesthouse et nous écroulons littéralement sur nos lits. Le repos sera de courte durée car nous partons dans peu de temps, pour un changement total d'ambiance, en Amazonie!
Fin du trek! |